Essai Honda NM4 Vultus
Venu d’ailleurs
Alors là… Engin étrange ! Mais pas dénué d’intérêt… Et qui ne passe pas inaperçu. Comment ? Vous n’avez jamais entendu parler du Honda NM4 Vultus ? Allez, embarquez pour une rencontre du troisième type !
Rarement engin aura déclenché autant de commentaires, venant de tous, utilisateurs de deux-roues ou non. D’ailleurs, ce sont les non-utilisateurs qui ont été les plus cléments à son égard, trouvant le Vultus « carrément déliiiire !!! », « incroyable », « beau » ou plus régulièrement « original ». Chez les motards, c’est plus tranché. Il y a le « Pourquoi pas, au moins ils sortent quelque chose d’original chez Honda » (ahem…), le « Hé, t’as piqué la moto de Batman » et le « C’est automatique ? Ben c’est un scooter… ». Le commentaire le plus acide viendra de deux jeunes en scooters 50 qui, après avoir longuement péroré sur le bestiau derrière moi sont passés devant à un feu rouge, avant de se regarder en disant en cœur : « Whoa il est encore plus moche devant que derrière ! ». Pas facile tous les jours le métier d’essayeur, j’vous le dit. Même les forces de l’ordre ont été interloquées par le NM4 !
Quoi ma gueule ?
Il faut dire que le design du Vultus (visage en latin) est déroutant. La bête ne ressemble à rien de connu dans la production moto. Un avant large et caréné, un selle basse et creusée, des lignes acérées, un arrière fuyant vers le sol… Difficile aussi de caser cet engin dans une case précise… D’après Honda, c’est un custom. Ouaip, mais futuriste ! On voit mal le rapprochement entre ça et une Harley. En s’approchant de plus près (si, si, osez, elle va pas vous mordre…) on constate que tout est en plastique ou presque. Et, pas de bol, les plastiques font ici vraiment toc, notamment sur les flancs de carénage et la coque arrière… En revanche, rien ne dépasse et Honda a fait une fois encore des efforts de finition globale. Nous précisons « globale », car certains détails font tâche, à l’instar des rétroviseurs baladeurs. Indigne du numéro un mondial, qui nous a habitués à bien mieux…
Mais dans l’ensemble, le Vultus impressionne surtout. Notamment vu de derrière, où l’énorme pneu de 200 mm confère un statut certain au NM4 ! En enfourchant l’engin, on se retrouve assis bas avec le guidon (un tube métallique moche, pas bien Honda-san !) bien calé entre les mains. Les habitués du custom mettront naturellement les pieds en avant sur les larges platines, dans une position confortable et décontractée. Clé dans le contacteur sur ON, le compteur s’allume en blanc après avoir joué une sarabande numérique. Le conducteur a le chois entre 26 coloris, mais le mode automatique ajuste quatre coloris selon le mode de fonctionnement choisi (Neutre, Drive, Sport ou Manuel), ce qui est finalement plus fun. D’une pression sur le démarreur, on active le propulseur nucléaire et euh…
NM4 ? On N’M bien !
Je m’égare là… Mais aussi avec ce look futuriste ! Plus qu’un moteur à fission, c’est le bicylindre parallèle des NC 750 qui est à la manœuvre pour propulser le Vultus, avec la boîte DCT toujours fidèle au poste. Dès les premiers tours de roues, c’est un régal. Le Vultus se manipule aisément, même si le pneu arrière ultra-large déroute un peu au début. Une fois l’habitude prise, c’est un jeu d’enfant. En mode automatique D, le compteur vire au bleu et le NM4 joue sur un registre placide. A 50 km/h, il a déjà enclenché la quatre voir la cinq ! Mais les à-coups sont assez forts. Le mode automatique S (compteur pourpre !) est plus réactif et autorise le twin à prendre plus de tours. La conduite est donc finalement plus souple. Le mode Manuel (compteur rouge) est franchement drôle mais lassant en ville. On le réservera à la route, pour s’amuser. Ces évolutions urbaines mettent vite en avant le confort royal pour le conducteur, surtout si la selle passager/dosseret est en position relevée.
Le passager, lui, est juste toléré… Le freinage est efficace malgré la présence d’un unique disque à l’avant et un poids somme toute élevé. Toutefois, la masse s’oublie dès les premiers tours de roues. Les rétroviseurs sont idéalement placés (quoi qu’un peu trop petits), mais il faudra toutefois faire attention avant de s’engouffrer en remontée de files : l’engin est large ! Bref, confort et comportement routier sont au-dessus de soupçon, tant que c’est sec !
Rodéo aquatique
Car sur le mouillé… Rarement engin nous aura provoqué autant de sueurs froides, même en ville. Des ruades à 30 km/h ? C’est possible, même en mettant un filet de gaz sur le mode le plus doux. Des virages sortis à l’équerre ? Aussi. Même les départs du feu rouge font paniquer à la vue du moindre passage piéton à l’horizon ! Ce n’est pourtant pas la puissance extraordinaire (55 ch) ou le couple monstrueux (7 mkg) qui sont en cause que diable… La transmission DCT ? Peut-être, puisqu’elle ne dose pas si bien le lâcher d’embrayage. Mais jamais un NC 700 ou 750 ne nous avait fait ce coup-là… Les fautifs seraient plutôt les pneumatiques… Les Dunlop Sportmax D423 sont tout à fait neutres sur sol sec, mais indigents sur le mouillé. Méfiance ! Hormis une journée et une séance photo rock ‘n’ roll sur le mouillé, le Vultus s’en tire très honorablement.
La boîte automatique permet des relances assez stupéfiantes par rapport à la puissance du twin. Outre son agrément évident, le bicylindre offre une musique pas si désagréable. Le châssis, lui, enterre tout autre custom traditionnel, au prix d’une suspension arrière un poil sèche sur les raccords avalés bon train. C’est sain, vif et même joueur si on le cherche. Seule la garde au sol un peu limitée freinera les ardeurs, car sinon c’est tout bon. Dommage donc que la monte pneumatique fasse tant flipper à la moindre goutte… Par ailleurs, le roulage sous la pluie aura permis de mettre en valeur l’absence totale de protection aux éléments. Si les genoux sont à peu près au sec, la courte bulle ne dévie rien du tout. Et que dire de la bavette arrière, un trou grand comme le gouffre de Padirac la séparant de la coque ! Peinture du dos assurée…
Alien économe
Le Vultus fait pourtant des efforts pour être un compagnon bizarre mais agréable. Si les aspects pratiques ne sont pas sont fort, il dispose tout de même de deux vide-poches bien pratiques pour se délester de certaines affaires. Le bac de droite est le plus vaste, mais il ne verrouille pas. Le bac de gauche ferme à clef et offre une prise 12V, mais sa contenance est bien plus limitée. La selle passager faisant office de dosseret pour le pilote réglable sur trois positions en un tour de clef est aussi une trouvaille ingénieuse. L’équipement est par ailleurs assez complet, puisqu’en plus de l’ABS de série, le NM4 récupère le phare full-LED de la F6C. Assez onéreux à l’achat (11 599 € quand même), le Vultus se rattrape à la pompe, partageant la frugalité de ses cousins NC. Lors de notre essai, cet extra-terrestre aura avalé en moyenne 5,6 litres de notre précieux sans plomb par tranche de 100 km.
Un peu plus que les NC, qui n’ont pas ce faciès extra-large et un pneu de 200 à faire tourner cela dit… Honda s’est à moitié planté avec la DN-01, totalement dénuée d’aspects pratiques et arrivée à une période où le public n’était pas prêt pour l’automatisme, même emballé dans un carénage au style fort. Le Vultus corrige le tir côté pratique, et la transmission DCT a prouvé ses qualités. C’est le moment de se démarquer !
BILAN
Pour qui le Vultus ? Pour qui veut… L’engin possède d’indéniable qualités et saura satisfaire pleinement celui qui veut rouler autrement, à condition de changer les pneus impérativement (ou de ne rouler que quand il fait beau). Sympa en ville, sympa sur route, confortable et largement assez performant, le Vultus est somme toute une réussite. Reste le physique, qu’il faut apprécier ce qui n’est, au vu des commentaires, pas le cas de tout le monde…
FICHE EXPRESS
NOTES (dans la catégorie)
Finition : | 6/10 |
Équipements : | 8/10 |
Confort : | 9/10 |
Protection : | 6/10 |
Moteur : | 8/10 |
Partie-cycle : | 7/10 |
Budget : | 6/10 |
NOTE GLOBALE
7,4/10
ON AIME : | ON N’AIME PAS : |
Le look différent | Le traitement réservé au passager |
Le comportement routier vraiment bon sur sol sec | La finition inégale |
L’ensemble moteur/boîte agréable | Les pneus limite dangereux sur le mouillé |
Le confort tout à fait honorable |
Merci au – vigilant – personnel de sécurité de la tour de la Défense sur le parvis de laquelle nous avons œuvré qui nous a laissé travailler jusqu’à des heures indues…
Par Simon Palatchi, photos Benoît Lafontaine