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8 octobre 2017

Essai Moto Guzzi MGX-21 2017

Essai Moto Guzzi MGX-21 2017

Attention au coup de foudre !

 

Si Héphaïstos, fils de Zeus et Dieu grec du feu, de la forge et des volcans, avait un jour eu l’idée de créer une moto, il l’aurait sans doute faite avec le style et le caractère de la Moto Guzzi MGX-21. Pour tester le premier bagger de la marque italienne, nous avons donc choisi les routes tortueuses qui bordent le Mont Taranaki, deuxième plus grand volcan de Nouvelle-Zélande (2518 mètres d’altitude). Chaud devant !

Déjà inoubliable

Quel engin ! Un style fort, qui ne peut avoir été forgé qu'au coeur d'un volcan ! Le Taranaki, en arrière-plan, est splendide et calme... Pour le moment, car ce volcan n'est pas éteint mais endormi.

Quel engin ! Un style fort, qui ne peut avoir été forgé qu’au coeur d’un volcan ! Le Taranaki, en arrière-plan, est splendide et calme… Pour le moment, car ce volcan n’est pas éteint mais endormi.

La « Flying Fortress », c’est le nom que Moto Guzzi a donné à son tout premier bagger. C’est également, du coup, le première représentant italien de ce genre de moto, trusté par les américaines et quelques anglaises chez Triumph. Le nom est une référence au bombardier américain de la Seconde Guerre mondiale, le fameux Boeing B-17. Avec 2,56 mètres de long et 360 kilos avec le plein, vous aurez en effet la sensation de piloter une vraie forteresse ! Bien sûr, vous n’êtes pas Bruce Wayne, ni Batman (nous non plus, on vous rassure). Mais à première vue, le dernier modèle de chez Guzzi a un vrai côté « Batmobile » (ou « Batmoto » si vous préférez). Sentiment inévitable, qu’il faudra sur le long terme assumer, au même titre que les commentaires des badauds !

Pour aujourd’hui nous sommes, comme le reste des gens croisés, littéralement bluffés par le look de la MGX-21, véritable point fort de ce bagger. Pour marquer le coup, le designer italien Miguel Galluzzi, a opté pour une moto avec une fibre de carbone omniprésente, sûrement pour alléger un peu mais aussi pour lui donner un côté sport. La fibre tressée va du garde-boue avant aux valises, en passant par le réservoir.

Chez Moto Guzzi, on a décidé d'habiller ce bagger de carbone. On vous rassure, c'est pour le look, pas pour les gains de poids !

Chez Moto Guzzi, on a décidé d’habiller ce bagger de carbone. On vous rassure, c’est pour le look, pas pour les gains de poids !

L’avant de la moto, majestueux, contraste avec un noir mat. Il propose une façade plutôt inédite pour un bagger avec des lignes très pointues. L’ensemble de la partie cycle reste plutôt fidèle au style : des valises basses, imposantes (58 litres au total mais ne pouvant contenir de casque), la selle n’est pas très haute mais reste assez élevée pour le style (740mm), des cale-pieds levés, qui offrent une bonne garde au sol et une agréable position de conduite. Les feux à LED à l’arrière ont été nettement retravaillés depuis le prototype. Ils épousent les lignes des valises et donnent un côté très harmonieux à la moto. En amont, Moto Guzzi reprend le design classique de la marque avec le phare des modèles Eldorado ou Audace.

Performante mais innocente

Côté moteur, on retrouve aussi les références de ces modèles, soit l’évolution du bicylindre transversal en V de 1380cc de la California. Le rouge sur les culasses fait bien ressortir les traits typiques de chez Guzzi. Avec ses 97 chevaux délivrés à 6500 tr/min, aucun risque de se traîner sur un tel engin.
A bas régime, la sonorité n’est pas des plus viriles et est assez éloignée de ce que l’on trouve sur les baggers américains. Il faudra chercher une bonne accélération en sixième pour entendre un son digne de ces modèles !

Sous les culasses rouges vif, on retrouve le 1380 des Audace et California, pas revisité pour un sou malgré le rosso sport ! Il est de toutes façons largement assez puissant.

Sous les culasses rouges vif, on retrouve le 1380 des Audace et California, pas revisité pour un sou malgré le rosso sport ! Il est de toutes façons largement assez puissant.

La moto propose trois modes : Turismo (Touring), Pioggia (pluie, le plus doux) et Veloce (vitesse). Si le mode Veloce est assez puissant et provoque de bonnes sensations, les accélérations sont assez gourmandes et le réservoir de 20,5 litres ne durera pas bien longtemps si vous restez sur ce mode. Sur un long trajet, préférez le mode Touring. Ce mode Veloce vous amusera un temps, mais il ne vous encouragera pas non plus à jouer les Burt Munro. Cela reste un bagger de 340 kilos et dès que l’on adopte une conduite un peu trop nerveuse, on ressent immédiatement des ondulations de la moto qui vous mettront mal à l’aise. Pareil au delà de 150 km/h où vous sentirez des vibrations qui ne vous pousseront pas à chercher la vitesse de pointe.

Sur une conduite plus raisonnable, la « forteresse volante » est une moto idéale pour du cruising et fera un long trajet sans problème. En dépit d’une lourde direction, elle attaque facilement les virages et tient convenablement la route. La fourche de 45 mm de diamètre et le double amortisseur réglable en précharge à l’arrière offrent une très bonne suspension. Même sur une route en mauvais état, les chocs sont très bien absorbés par une fourche qui ne plonge jamais, même sur freinage fort. Là aussi, nous sommes sur l’un des « plus » de la MGX-21 et c’est évidemment grâce à la patte Brembo. Le simple disque flottant de 282 mm à l’arrière et les deux étriers radio quatre pistons pinçant un double disque flottant en acier 320 mm à l’avant n’auront aucune difficulté à stopper la demi-tonne, si l’on compte le pilote et un passager.

Étonnante géométrie

Le poste de pilotage est complet sur le plan instrumentation, mais le multimédia fait clairement défaut face aux américaines. Et il faut des bras d'Hercule pour manœuvrer la barre à basse vitesse !

Le poste de pilotage est complet sur le plan instrumentation, mais le multimédia fait clairement défaut face aux américaines. Et il faut des bras d’Hercule pour manœuvrer la barre à basse vitesse !

Peut-être pour se rendre plus américaine, Moto Guzzi a placé une énorme roue avant de 21 pouces. Dans la gamme, il n’y a que la Victory Magnum qui propose une telle taille pour une roue avant, que l’on trouve généralement sur les trails ou les baggers modifiés à l’artisanal. De plus près, la MGX-21 révèle une partie cycle encore plus surprenante. Son arrière volontairement rabaissé par une jante rétrécie à 16 pouces (chaussant toutefois une enveloppe de 180 mm) n’affecte pas la stabilité. Comme sur tous les baggers, l’angle de chasse est généralement élevé (26° pour une Electra Glide, 31° pour une Chieftain). Mais il l’est davantage sur la MGX-21, qui reste inchangée par rapport à la California avec 32°. L’empattement grimpe ainsi à 1 700 mm, tandis que la chasse culmine à 187 mm, un record.

Avec en prime une imposante tête de fourche, ces dimensions s’avèrent néfastes pour la MGX-21 et surtout pour le pilote, lors de manœuvres à l’arrêt comme à basse vitesse. Pour limiter la casse, les ingénieurs de la marque ont développé un vérin destiné à amortir les arrivées en butée de direction. Les évolutions à l’arrêt ne sont pas des plus simples mais ne tournent au moins pas au ridicule car le vérin réduit l’entraînement de la machine par le poids.

La MGX-21 se révèle efficace pour cruiser, à condition de ne pas trop resserrer les virages. La bulle, très design, ne protège pas des masses le pilote.

La MGX-21 se révèle efficace pour cruiser, à condition de ne pas trop resserrer les virages. La bulle, très design, ne protège pas des masses le pilote.

Dans tous les cas, cette combinaison jante de 21 pouces, angle de 32° et chasse de 187 mm provoque un train avant franchement lourd. Avec une telle dimension, la forteresse volante se révélera très inconfortable en ville. Inutile de vous dire qu’en dessous de 35 km/h, la moto réclame une vraie tonicité dans les bras!

Il faut vite s’échapper et passer les 50 km/h. Une fois sur les axes secondaires, le bagger Moto Guzzi est assez maniable et plaisant à conduire. On arrive presque à oublier son poids sur une vraie route de cruising. Mais encore une fois, inutile d’attaquer les virages trop fort, ou vous finirez bien par vous envoler au guidon de cette forteresse…

Côté protection, la bulle à double bossage offre un style magnifique mais renvoie de fortes turbulences sur le casque du pilote. Le moteur est assez proche des jambes mais ce n’est pas un défaut lorsque l’on roule en hiver…surtout quand les poignées chauffantes sont en option !

Ce postérieur restera peut-être gravé dans les annales. Le style de la Guzzi sera le critère d'achat majeur...ou de répulsion c'est selon !

Le style de la Guzzi sera le critère d’achat majeur…ou de répulsion c’est selon !

Pour une marque italienne, les finitions restent assez basiques par rapport aux dernières innovations multimédia chez Harley-Davidson ou Indian. Les commodos sont faciles d’utilisation, mais rudimentaires. Guzzi sauve les meubles avec un régulateur de vitesse. Le tableau de bord offre deux compteurs électroniques soignés mais un menu sans fantaisie. Malgré la possibilité de brancher une clé USB, il sera difficile de brancher votre téléphone avec chargeur car il n’y a rien pour le ranger. A moins d’avoir un long câble…mais bon…pas pratique cette histoire ! Le Bluetooth fonctionne parfaitement mais nouvelle déception avec une sono carrément médiocre. Au delà de 90 km/h, n’espérez plus profiter de votre musique, la faute à une puissance (2 x 25 W) et une qualité insuffisantes.

Bilan

Pour un premier bagger, Guzzi a misé sur un design qui fera de cette moto une réelle icône sur un plan esthétique. Elle sera idéale pour celui qui aimera parader le dimanche après-midi le long d’une route côtière. Festival de pouces en l’air garanti ! Mais la MGX-21 ne peut cacher ses nombreux défauts comme un avant excessivement pataud à basse vitesse, un moteur au son beaucoup trop lisse et une protection insuffisante. Des lacunes que l’on remarque davantage au vu de son tarif : 23 000 euros. Si son prix reste compétitif dans cette gamme, conduire une forteresse au quotidien ne peut être pratique que pour un dieu grec…

FICHE EXPRESS

NOTES (dans la catégorie)

 

Finition : 8/10
Équipements : 7/10
Confort : 8/10
Protection : 7/10
Moteur : 8/10
Partie-cycle : 10/10
Budget : 8/10

 

NOTE GLOBALE

8/10

ON AIME : ON N’AIME PAS :
+ Son design unique ! – Le train avant, lourd
+ Le freinage, vraiment puissant – Les poignées chauffantes en option et les lacunes d’équipement
+ Le confort tout à fait honorable pour la catégorie – L’équipement audio médiocre
+ La tenue de route, malgré un poids élevé – La maniabilité en ville

 

 

Où dormir dans la région :

George Bnb nature lodge :
-Si vous voulez être au plus près du Mont Taranaki, George vous accueillera dans un bnb privilégié au pied du volcan. La maison qui comprend deux chambres, est située au milieu d’une dense forêt, à deux pas parc national Egmont, point de départ vers différents treks.

Stony River :
-Une authentique (et copieuse) cuisine autrichienne dans le meilleur accueil de la région. Renate a reprit cet établissement de sept chambres en 2013 et accumule depuis les prix d’hospitalité. Le Stony River est un parfait compromis, situé à quelques mètre de la côte et du volcan.

Sincères remerciements à Scooterazzi, pour le prêt de la MGX-21.

Par Richard Tindiller, texte et photos.

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