Découvertes

22 janvier 2015

Interview : Julien Toniutti, champion de France des Rallyes 2014

Interview : Julien Toniutti, champion de France des Rallyes 2014

L’instinctif

A l’occasion des Journées Professionnelles de la Moto, du Quad, du SSV et du Scooter (JPMS) 2015 à Paris, au Parc Floral du Bois de Vincennes, nous avons pu rencontrer un champion discret malgré trois titres de champion de France des Rallyes. Son nom ? Julien Toniutti. Le pilote Yamaha nous a parlé de son parcours et de sa saison 2015 à venir.

Triple champion de France humble et passionné, Julien nous a dévoilé sa saison 2015 à venir et nous parle de sa passion, les rallyes.

Triple champion de France humble et passionné, Julien nous a dévoilé sa saison 2015 à venir et nous parle de sa passion, les rallyes.

Bonjour Julien, pourrais-tu te présenter pour nos lecteurs ?

Bonjour. Alors je suis Julien Toniutti, j’ai 33 ans, je suis originaire de la région lyonnaise, plus précisément dans le beaujolais. Ma discipline de prédilection est le championnat de France des Rallyes, le Dark Dog Moto Tour aussi, qui a eu lieu quelques années et qui par contre n’existera plus en 2015 (le Dark Dog Rallye Moto Tour remplace à la fois le DDMT et le championnat de France des Rallyes, sous l’égide de la FFM, ndlr), et tout ce qui touche aux courses sur route, notamment l’île de Man.

Quelles sont tes qualités et défauts, pour ce qui est de l’homme comme du pilotage ?

(Rire) Alors ça c’est quelque chose que je n’ai jamais su faire… Mes qualités, je ne sais pas. Les défauts il y en a beaucoup, les qualités il faudra demander aux gens qui m’entourent. En termes de pilotage, je connais mes défauts. C’est surtout de manquer de vitesse pure et tout ce qui touche au pilotage sur circuit. J’en fais très peu et ça c’est quelque chose qui me manque. Cette année, avoir eu la chance de rouler sur l’île de Man, ça m’a fait du bien, ça m’a permis de prendre de la vitesse et d’être plutôt bien placé au Dark Dog Moto Tour puisque je suis resté pendant deux jours en tête avant de tomber. J’ai progressé, ça m’a fait du bien.

Peux-tu nous présenter ta moto pour la saison à venir ?

La MT-09 de Julien est une balle de guerre ! Principales modifications ? Les suspensions et les freins...

La MT-09 de Julien est une balle de guerre ! Principales modifications ? Les suspensions et les freins…

En 2014 j’ai roulé pour Yamaha France sur une MT-09. J’ai à nouveau signé avec Yam’ en 2015, toujours sur une MT-09. C’est une moto qui est très bien née, le moteur est hyper fun. Comme d’habitude, comme sur toutes les motos sur lesquelles j’ai roulé, on ajuste toujours un petit peu les suspensions pour coller à ce qu’on veut en faire sur la route parce que ce n’est pas du circuit. Il suffit de mettre un amortisseur. Moi en l’occurrence je mets un amortisseur EMC Sportshock 4 à l’arrière et devant je mets un kit fourche Andreani et, là, on a une moto qui est vraiment collée au sol, qui va très très bien, qui est polyvalente et performante.

Tu es en Michelin pour les pneumatiques, tu as le choix où c’est imposé ?

Pour ce qui est des pneumatiques, j’ai la chance d’avoir un contrat avec Michelin, qui me suit depuis très longtemps, et je roule avec du Michelin Power Cup quand il fait sec et du Michelin Pilot Road 4 quand c’est mouillé, un pneu qui fonctionne très bien sous la pluie, qui évacue énormément d’eau. J’ai gagné la première course du championnat avec un train de PR4 ! C’est vrai que ça peut paraître bizarre car c’est souvent un train de pneus qui fait quinze mille kilomètres et qui n’est pas destiné à un usage disons…sportif, mais en l’occurrence, dans ces conditions où c’est vraiment détrempé, c’est le pneumatique qui est le plus efficace.

Le triple champion de France à l'attaque lors de l'une des manches du championnat 2014.

Le triple champion de France à l’attaque lors de l’une des manches du championnat 2014.

En 2014, tu as été champion de France pour la troisième fois consécutive et tu attaques une fois encore la saison avec le numéro 1 sur ta moto. Comment vois-tu 2015 en compétition ? A quelles courses et championnats comptes-tu participer ?

Je recommence avec le championnat de France des rallyes. Il y a sept courses dans le championnat et, si je ne dis pas de bêtises, la première course aura lieu le 21 mars du côté de Toulon. J’ai comme objectif bien entendu de gagner un quatrième titre consécutif de champion de France des rallyes. Maintenant, tous les ans il y a de nouvelles têtes, tous les ans ça va de plus en plus vite. Cette année il devrait aussi y avoir Denis Bouan, qui a gagné plusieurs fois le moto tour. Ça fait un adversaire de plus, un très bon pilote, et il va falloir se donner les moyens de continuer à être devant.

Hormis Denis Bouan, as-tu d’autres adversaires que tu redoutes ?

Il faut se méfier de tout le monde en course, tout peut arriver. Je me méfie de tout le monde y compris de moi-même car je ne suis pas à l’abri de faire une erreur. Des très bons pilotes il y en a d’autres. Il y a Florent Derrien, il y a Laurent Filleton qui a fini deuxième du moto tour cette année et deuxième au championnat de France des rallyes… Je ne vais pas tous les citer mais il y a de très bons pilotes au championnat de France des rallyes et ce n’est pas ce qui manque. Ce n’est pas une course où je suis tout seul et où il y a les autres.

Outre le rallye, as tu d’autres courses au programme en 2015 ?

Julien a tâté du Manx GP en 2014 et y retournera en 2015, toujours au guidon d'une R6.

Julien a tâté du Manx GP en 2014 et y retournera en 2015, toujours au guidon d’une R6.

Il y a le championnat de France, mais il y a aussi une course qui s’appelle le Tunisian Moto Tour. C’est également un rallye routier, ce n’est pas du tout-terrain. C’est la même chose qu’un rallye en France, sauf que c’est en Tunisie (Julien nous avouera devant sa monture que le bitume Tunisien pose toutefois plus de problèmes côté grip, et donc en choix pneumatiques sur sol sec, ndlr). A côté de cela il y a l’île de Man, avec le Manx GP. C’est exactement la même chose que le Tourist Trophy, sur le même tracé, sauf qu’il y a deux différences majeures. Premièrement, quand tu as roulé au Tourist Trophy tu ne peux plus rouler au Manx GP, qui sert à se faire la main sans qu’il y ait tous les cadors du TT, et la seconde c’est qu’au Manx tu ne peux pas rouler avec une moto de plus de 750 cm3. Moi j’y roule avec une 600, une Yamaha R6.

Justement cette année tu as à nouveau une MT-09. Y-a-t’il une autre moto que tu aurais envie d’essayer en rallyes ?

A partir du moment où il y a deux roues et un moteur j’ai envie de tout essayer, et chez Yamaha il y a plein de motos performantes. Comme on a vu cette année, Denis Bouan a gagné avec une R6 au Moto Tour, mais il a aussi gagné avec une R1 et une FZ8 donc il n’y a pas de mauvaise moto. J’ai roulé récemment avec une MT-07 et même si c’est une moto à 6 000 euros je sais qu’avec un petit travail de suspensions, je suis certain qu’il est possible d’aller gagner un rallye avec… Et peut-être même un championnat ! C’est quelque chose qui m’aurait vraiment botté. Maintenant c’est la volonté de Yamaha de mettre la MT-09 en avant et, à partir du moment où c’est leur volonté, je fais ce qu’ils me demandent de faire et j’irai rouler avec une MT-09. Ce n’est pas pour me déplaire parce que c’est une très bonne moto qui a un moteur hyper fun, mais la MT-07 est aussi une très bonne moto.

L'amortisseur EMC est maousse ! D'après le pilote, il n'en faut guère plus pour transfigurer une MT-09 !

L’amortisseur EMC est maousse ! D’après le pilote, il n’en faut guère plus pour transfigurer une MT-09 !

Tu es un ancien garagiste, quel est ton degré d’implication dans la préparation de ta moto ?

Effectivement, j’avais un magasin de moto pendant 10 ans, que j’ai revendu au mois de mai. Je fais presque tout moi-même sur mes motos, je bosse énormément, je fais quasiment tout de A à Z. Pour te donner une idée, là j’ai récupéré ma moto il y a très peu de temps. Quarante-huit heures avant les JPMS, la moto était entièrement d’origine. J’ai collé le kit déco entièrement, on a monté les freins Beringer avec l’aide d’Étienne Bocard qui bosse chez Beringer (directeur technique et commercial de la marque de freins française, ndlr), j’ai monté la ligne d’échappement moi-même, j’ai monté l’amortisseur, la bulle, les protège-mains. A 90 %, c’est moi qui prépare mes motos.

Y-a t’il une idole contre ou avec qui tu voudrais rouler, que ce soit sur deux ou quatre roues ?

Des idoles ? Je ne sais pas si on peut appeler ça des idoles, mais des mecs qui m’ont fait rêver il y a quelques années et qui me font toujours rêver. Je pense à Serge Nuques car c’est quelqu’un qui a énormément de qualités, que ce soit sur une moto ou en termes de qualités humaines, ou pour le fun ou la déconnade. J’ai eu la chance de rencontrer Serge en 2008, on a roulé une saison ensemble. Il m’a appris énormément de choses. C’est grâce à lui que je suis arrivé à ce niveau-là car il n’a pas hésité à partager ses connaissances. Il fait partie de ces personnes que j’admire. Après, sur quatre roues, j’adorerais monter à côté de Sébastien Loeb car c’est un mec qui a fait rêver beaucoup de monde. J’ai la chance de faire un peu de moto avec lui, on fait quelques sorties d’enduro ensemble. Je n’ai encore pas eu la chance de monter à côté de lui dans une voiture mais je ne désespère pas, cela arrivera peut-être un jour… Et si j’en suis là aujourd’hui c’est grâce à mes partenaires. Je ne vais pas tous les citer mais je tiens à les remercier, car cela me permet de rouler déjà depuis de nombreuses années. Il y a des partenaires qui sont très fidèles depuis toutes ces années, donc merci à eux car sans eux on ne ferait pas grand chose.

Photo : Benoît LafontainePhoto : Benoît LafontainePhoto : Benoît LafontainePhoto : Benoît LafontaineLe numéro 1 est la propriété de Julien Toniutti en rallyes depuis son premier titre, en 2012. Il le remet en jeu en 2015... Photo : Benoît LafontaineLe numéro 1 est la propriété de Julien Toniutti en rallyes depuis son premier titre, en 2012. Il le remet en jeu en 2015... Photo : Benoît LafontaineLe numéro 1 est la propriété de Julien Toniutti en rallyes depuis son premier titre, en 2012. Il le remet en jeu en 2015... Photo : Benoît LafontaineLa MT-09 2015 de Julien Toniutti, prête pour un nouveau défi ! Photo : Benoît Lafontainebeauté et performance... Julien a opté pour un freinage français, signé Beringer. Photo : Benoît Lafontainebeauté et performance... Julien a opté pour un freinage français, signé Beringer. Photo : Benoît LafontaineNon, vous ne rêvez pas, l'ABS est en place ! Julien a toutefois installé de quoi le déconnecté pour les spéciales sèches, mais reconnaît son utilité sous la pluie. Photo : Benoît LafontaineLa fourche est inchangée...à l'extérieur ! Julien a remplacé les ressorts par un kit Andreani plus ferme. Photo : Benoît LafontaineAvouez que çest beau non ? Photo : Benoît LafontaineAvouez que çest beau non ? Photo : Benoît LafontaineL'amortisseur EMC Sportshock 4 est impressionnant. Il gomme l'un des défauts de la MT-09, à savoir une suspension un peu dépassé lorsque l'on attaque, ce qui est le cas de Julien. Photo : Benoît LafontaineJulien a terminé la pose des stickers juste avant les JPMS. Il était même en train de monter le capot de selle sur le stand ! Photo : Benoît LafontainePhoto : Benoît LafontaineVrai passionné, Julien est aussi un mécanicien confirmé. Ancien gérant de concession moto, il prépare et règle sa moto lui-même. Photo : Benoît LafontainePhoto : Benoît Lafontaine

Propos recueillis par Simon Palatchi, photos Benoît Lafontaine, Sandra Kientz et DR.

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