Évasion : le Morvan des lacs
Gaule en Morvan
Embarquez avec nous pour une balade en Morvan, entre lacs, forêt et histoire, celle de nos ancêtres Gaulois, habitants du lieu il y a plus de 2 000 ans. Suivez le guide !
Si on vous dit Gaulois, vous pensez à Astérix, Obélix et aux aventures illustrées du plus connu des guerriers de ce peuple celte ? Pas mal… Si vous avez pensé à des nuggets de poulet vous êtes irrécupérable… En revanche, si vous avez pensé à Vercingétorix, à Jules César et à la Guerre des Gaules, c’est déjà mieux. Pour l’essai sportif de la famille MT-09, nous avons choisi de poser nos valises dans le Parc Naturel du Morvan et d’en explorer les merveilles, que nous allons vous faire découvrir en faisant le parallèle avec nos ancêtres les Gaulois, qui nous ont accompagnés du début à la fin de ce trajet ! Initialement, nous devions réaliser une boucle, projet qui sera toutefois contrarié. Néanmoins, nous vous convions à une belle balade pour remonter le temps, sur des routes sinueuses à souhait et au travers de paysages verdoyants. Enfin…l’été ! Car là, les feuilles étaient encore rares et le climat plutôt frais, avec 3° au thermomètre le matin du second jour. Un climat qui nous aura quelque peu embarrassés… Suivez le guide à cheval (non, en moto) entre Nièvre, Côte d’Or, Yonne et Saône-et-Loire, mais 100 % en Bourgogne !
Saulieu – Dun-les-Places

A Saulieu, nous avons opté pour un menu cinq étoiles. Un, deux, trois, quatre, cinq… Le compte est bon !
Nous avons choisi Saulieu comme base de départ. Ville située au nord-est du Parc, Saulieu possède une importance historique capitale, puisqu’elle est située sur l’ex nationale 6 (désormais D 906), empruntée par nombre de voyageurs pour leur migration estivale (ou hivernale) avant l’avènement de l’autoroute A6. Depuis, la ville sombre lentement, comme nombre de villes touristiques qui perdent en flux de visiteurs… Dommage, car le centre-ville ne manque pas de charme, entre petites rues et vieilles maisons, certaines médiévales. Mais Saulieu (Sidolocus ou Sedelocus en latin), ville peuplée par les Eduens (l’une des nombreuses tribus gauloises) est également idéale car proche de 45 km d’Alise-Sainte-Reine. Non, cela ne vous dit rien ? Logique… Alésia alors ? Oui, l’un des sites les plus célèbres de l’histoire de la Gaule, lieu du dernier baroud de Vercingétorix et de la cavalerie gauloise face aux légions romaines, se trouve en bordure du parc du Morvan !
Et, accessoirement, Saulieu a vu un autre chef gaulois, culinaire celui-ci, devenir célèbre : Bernard Loiseau. La Côte d’Or, le premier établissement du chef disparu, est toujours actif et reste l’une des meilleures tables de France. Hors budget pour la rédaction cela dit… De Saulieu, empruntez la D 977 puis la D 6 vers Dun-les-Places, et enfoncez vous immédiatement dans une nature sauvage. C’est ça le Morvan ! Dès que la ville est quittée, on plonge immédiatement dans une végétation dense, forêt parcourue par de nombreux ruisseaux et torrents. Que d’eau ! Le réseau hydrographique est très important entre les nombreux lacs et pièces d’eau que nous allons croiser, et les innombrables cours d’eau. La route empruntée est déjà un régal, avec un revêtement convenable et des abords splendides. En chemin, une halte peut se faire avant d’arriver à Dun-les-Places, un dolmen témoignant du passage de nos ancêtres… Dun-les-Places (dont le nom viendrait du celte) est un autre lieu de l’histoire de France, plus récente mais également plus sombre : la ville fut témoin d’un massacre perpétré par les troupes allemandes en retraite.
Dun-les-Places – Montsauche-les-Settons

Gaffe à l’autonomie sur les petites routes ! En dehors de quelques villes pourvues de pompes, le stations-service abandonnées fleurissent au bord des routes ! Gare à la panne…
De Dun-les-Places, un écart peut être fait vers Quarré-les-Tombes, plus au nord, ville dont le nom vient des nombreux sarcophages de pierre découverts et présents autour de l’église. Bien que la cité ait une existence antique attestée, les dits sarcophages sont toutefois mille ans plus récents… Notre périple se poursuit en redescendant sur Montsauche-les-Settons via la superbe D 236 très roulante, puis en direction de Planchez via la D 37. Cette route, splendide et idéalement revêtue nous servira de spot photos dans les nombreux virages, entre Montsauche et Planchez (deux villages en lien avec Dun-les-Places pour l’histoire précédemment citée), puis entre Planchez et Corancy. Bitume parfait, virages idoines et, accessoirement, paysages splendides avec une nature sauvage. Si lors de notre passage la route s’est avérée quasiment déserte, nous avons toutefois croisé quelques camions chargés de grumes bien lourds… Méfiance !
La région est, il est vrai, l’un des premiers producteurs de bois de France, et le premier producteur de…sapins de Noël ! Les plus téméraires pourront se rendre vers le lac de Pannecière-Chaumard qui était à notre programme (via la superbe D 944), mais le temps nous a manqué (le temps et l’essence, lire notre essai !). Retour à Montsauche-les-Settons donc, pour trouver le précieux carburant, les pompes se faisant rare dans le coin et nos montures combinant appétit solide et petit réservoir…
Montsauche-les-Settons – Moux-en-Morvan

Les abords du lac des Settons sont paisibles. La MT-09 Tracer hésite encore : un bain dans les eaux du lac ou une visite du barrage ?
De Montsauche, nous avons attaqué la D 193 vers les Settons, pour une halte photographique en bordure du lac éponyme. Base de loisirs reconnue, le lac permet une halte fraîche l’été et est un site idéal pour tous loisirs nautiques. Le barrage en lui-même (le lac est purement artificiel et ne dépasse pas 6 mètres de fond en moyenne) est un monument historique puisque construit à partir de 1854, avec sa maison de gardes caractéristique en son milieu. Ce n’est pas le Hoover Dam, mais il a fière allure ! Et si le climat frigorifique du début du printemps (hé, c’est le Morvan, pas la Côte d’Azur), ne nous a pas particulièrement incités à faire trempette, on imagine sans peine le même lac en été, et la fraîcheur qui va avec. Nous nous sommes contentés de poser et faire poser nos cinq montures sur ses rives, profitant d’un soleil couchant entre deux nuages.
Fatiguée par une journée de roulage, la fine équipe s’est rendue pour sa halte nocturne à Moux-en-Morvan, en reprenant la D 193. Le village se découvre après quelques ultimes virages, niché dans une cuvette. L’accueil royal à l’hôtel l’Annexe et au restaurant le Beausite (la même adresse) et l’excellente table, suivie d’une soirée au coin du poêle à écouter notre triple champion de France des rallyes invité sur le roulage narrer ses exploits, permit de réchauffer les cœurs. Avec, en prime, la visite du maire de Moux-en-Morvan, motard lui aussi à l’instar du patron de l’hôtel. Allez, une bonne nuit de sommeil et on attaque une seconde partie de route en Morvan, prêts à bouffer du bitume, dévorer des paysages et profiter du printemps !
Moux-en-Morvan – Anost

Allez, au Travail ! C’est le nom de cette structure en bois régionale, chère aux galvachers du Morvan (des charretiers migrants).
Las, rien ne s’est passé comme prévu. Les Gaulois n’avaient, parait-il, qu’une crainte : que le ciel leur tombe sur la tête. Pas de bol, il nous est réellement tombé sur la tête. Au sens propre, les nuages ayant décidé de venir voir comment c’était en bas… Entre un fin crachin (vous savez, celui qui mouille tout sans pleuvoir réellement et qui colle à l’écran du casque) et un brouillard à couper au couteau passé 300 mètres d’altitude, la suite du parcours allait être un peu plus décousue. Qu’à cela ne tienne, on à roulé quand même. Suivant Christophe en wheeling sur la MT-09 Street Rally (mais si ça tient, regarde…), nous embrayons sur la très étroite D 288 en direction de Ménessaire où se trouve un très beau château typique de l’architecture bourguignonne, avec ses toits en tuiles vernissées. Les revêtements nickels de la veille sont oubliés, place à un bitume plein de gravillons et d’ornières…
On ne peut pas tout avoir. Toutefois, le rythme bien plus lent imposé permet de profiter d’un paysage toujours aussi grandiose, les vallées se succédant au gré des ruisseaux qui tracent leur route. De Ménessaire, continuer sur la D 106 (encore plus petite…) puis la D 302 vers Cussy-en-Morvan avant d’obliquer sur la droite vers Anost, par la D 88. Cette splendide route s’enfonce dans la forêt et…dans le brouillard. Ayant perdu de vue Christophe (« repose la roue avant ! »), les MT-09 ont alors suivi la voiture du photographe tel des canetons derrière leur mère, avant de se retrouver presque nez à nez avec un veau en arrivant sur Anost ! Les joies de la campagne… Car il est vrai que si la région produit du sapin de Noël en quantités industrielles, elle est aussi une terre de bonne chère, notamment la viande de bœuf avec de nombreux élevages de Charolais destinés, entre autres, aux assiettes des gourmets !
Anost – Château-Chinon

La région est parcourue par de nombreux ruisseaux, torrents et autres cours d’eau. Outre la moto, le vélo, la marche, la promenade et la pêche sont envisageables dans un tel cadre naturel !
A Anost, une brève halte sous une structure appelée Travail (voir photos ci-dessous) servant au ferrage des bovins et quelques photos du village avant de reprendre la route vers Château-Chinon, ville la plus importante du Morvan en population comme en superficie. Pour ce faire, reprendre la D 88 puis la D 177 vers Arleuf, avant d’embrayer sur la très roulant D 978. Et les Gaulois dans tout ça ? Ils ne sont pas loin, rassurez-vous ! Un site Gallo-Romain est présent à quelques kilomètres au nord d’Arleuf, mais la présence des Eduens est surtout marquée plus au sud, au Mont Beuvray, à une vingtaine de kilomètres. Là se trouve Bibracte, l’ancienne capitale de la tribu Gauloise, et quelques routes fort sympathiques pour grimper jusqu’au sommet du mont, à 821 mètres. Mais revenons à nos sangliers… L’arrivée à Château-Chinon se fait d’abord par Château-Chinon (Campagne) avant d’arriver à Château-Chinon (Ville). Curieux ?
La commune initiale a été scindée en deux entités Intra-Muros et Extra-Muros après la Révolution… De quoi y perdre son latin ! Là encore, l’occupation du site est ancienne puisqu’un oppidum, ancienne place forte, y était présent à l’époque gallo-romaine. Par ailleurs, la ville compte elle aussi un chef gaulois, plus récent celui-ci : François Mitterrand ! Bien que non originaire de la ville, l’ancien Président de la République y fût sénateur et député…
Château-Chinon – Autun

Le ciel a eu beau nous tomber sur la tête, nous avons triomphé des Romains. Mais 1 700 ans après son édification, le théâtre d’Autun tient toujours debout…
De Château-Chinon, nous terminons notre périple en Morvan par un saut sur Autun via la D 978. Très roulante, cette portion de route conserve un certain charme avec quelques virages intéressants et un revêtement soigné, mais surtout des abords agréables, surplombant par moments cours d’eau et moulins, traversant à d’autre moments des forêts denses de sapins. D’aucuns observeront que la ville d’Autun n’est pas dans le Parc Naturel du Morvan proprement dit… Certes, à 7 kilomètres près.
Mais il était difficile de ne pas évoquer cette ville, Augustodunum en latin, qui fut capitale des Eduens après Bibracte. De cette période, il reste nombre de bâtiments et traces, dont le temple dit « de Janus », l’enceinte de la ville et ses nombreuses portes dont deux ont survécu et le théâtre.
Pouvant accueillir jusqu’à 20 000 spectateurs, ce théâtre était tout simplement le plus grand de la partie occidentale de l’empire Romain (le plus grand étant celui d’Ephèse en Turquie). Même aujourd’hui, le site garde un prestige notoire et témoigne de la place prise par la ville dans l’Antiquité, la « forteresse d’Auguste » étant « sœur et émule de Rome ». On a vu pire… A défaut d’être fous, les Romains étaient surtout de sacrés bâtisseurs.
Cette petite virée de 177 kilomètres peut aisément être bouclée en une journée, voire en une après-midi pour les plus rapides ! Une boucle courte, certes, mais qui mérite d’être parcourue en prenant son temps et surtout en prenant le temps de se perdre en route pour pleinement prendre son pied en Morvan… Sur deux jours, cette contrée peut alors dévoiler sa beauté sauvage ! Et si les motards routiers connaissent déjà un peu la région, sachez qu’elle est également un havre pour les enduristes de tout poil (vélo ou moto) et pour les marcheurs.
Un grand merci à comité régional du tourisme de Bourgogne qui nous a aidés dans la réalisation de ce road-trip, ainsi qu’à Pascal Margalida, patron de l’hôtel le Beausite et motard, pour son accueil chaleureux et sa cuisine fine !
Renseignements :
– Bourgogne Tourisme
– Maison du Parc du Morvan
– Restaurant le Beausite et hôtel l’Annexe, Moux-en-Morvan
































Par Simon Palatchi, photos Simon Palatchi, Emilien Braud et Benoît Lafontaine.